Conte: "Nicolas en chocolat"

Conte:

Ils étaient trois enfants qui s’étaient perdus

Etaient allés par ici, par là,

Etaient perdus, perdus...

                                         

Ils sont allés la nuit venue chez le boucher

Le vieux boucher fatigué " Encore des enfants ! Des enfants perdus ! J’en ai mangé trois déjà, je n’ai plus faim ! allez chez vous, rentrez chez vous ! "

" Mais, boucher, nous sommes perdus." Répondent les enfants tous ensemble

" Et puis, tu es le boucher, le méchant boucher, tu dois nous manger !

- Oui, oui, oui, tu dois nous manger !

- Ou alors nous couper en petits morceaux et nous mettre au saloir comme pourceaux !

- Mais je ne veux pas, je suis fatigué, et j’ai horreur du sang, des cris, des os qui craquent... D’abord, moi, ce que j’aime, c’est la musique, les pommes de terre vapeur et les carottes avec des bonbons..."

 

Alors le plus jeune des enfants se met à pleurer, à pleurer...

" Si le boucher ne nous mange pas, sniff, sniff, alors jamais Saint-Nicolas ne viendra nous recoller... Et moi, je veux voir Saint-Nicolas !"

 

Que faire, que faire ??? Le boucher n’est pas mauvais bougre, il voudrait aider les enfants à rencontrer Saint-Nicolas, mais s’il faut pour cela les manger, ah, non, non et non ! Que faire, que faire ??? Découragé, et aussi parce qu’il est fatigué, le boucher s’est assis sur le pas de sa porte au milieu des enfants.

Tous les quatre, ils regardent le ciel noir piqué d’étoiles. De sa grande poche, le boucher sort un gros paquet de bonbons et commence à les manger machinalement... Les enfants lorgnent du côté des bonbons...

" Et nous, et nous, on peut en avoir...

- Oui, oui, bien sûr... Excusez-moi... Heu, s’il vous plait, ne prenez pas ceux au citron...C’est mes préférés !

- D’accord, d’accord... Pas au citron ."Disent-ils en plongeant toutes leurs mains dans le paquet...

- Pourquoi tu n’es pas méchant ?...Les bouchers, c’est méchant dans les histoires normalement...

- Je sais, je sais, j’ai essayé, vous savez, j’ai fait pousser les poils de mes sourcils, j’ai pris des cours pour crier très fort, j’ai appris à faire peur et à découper la viande, je suis devenu très grand et très fort, vous voulez voir mes muscles ?... Mais je n’ai pas envie, pas envie... Plus envie..."

 

Les deux grands enfants se sont regardés, complices :

"Oh, lui, il nous fait une petite déprime... Il lui faut ...du CHO-CO-LAT !!!"

 

"Attend-nous ici, on revient tout de suite... Heu, toi, Fabien , on te confie le boucher, tiens-lui compagnie, il en a besoin !" En riant, les enfants s’éclipsent dans la nuit...

 

"C’est toujours comme ça, dès que je commence à me faire des amis, ils s’enfuient..." Et le boucher se met à pleurer, à pleurer de grosses larmes de crocodile...

- Moi, c’est pareil, dit Fabien, comme je suis le plus petit, je me retrouve toujours tout seul !"

Lui aussi se met à pleurer... Mais les enfants reviennent, tirant derrière eux... Saint-Nicolas !!!... Oui, Saint-Nicolas. Immense, énorme, doré,...En chocolat ! Oh, le petit Fabien était heureux et le boucher donc !... Ils ont mangé Saint-Nicolas, tous les quatre, en regardant les étoiles !.... Il était bon, Saint-Nicolas... en chocolat !